Comment gagner de l’argent avec la RA?

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Els Bellens

Depuis la vogue du Pokémon Go à l’été 2016, tout le monde sait ce qu’est la réalité augmentée. Mais si cette technologie veut avoir un avenir, elle ne doit toutefois pas se limiter au monde des jeux. D’ailleurs, un nombre croissant d’acteurs de la RA joue la carte du secteur professionnel.

Le Pikachu de Pokémon rapporte encore pas mal d’argent à ses concepteurs, même si la vogue est quelque peu passée. Le développeur d’applis Niantic, à la base de Pokémon Go, aurait en effet empoché l’an dernier 1 milliard $. Pas étonnant dès lors que des entreprises recherchent de nouvelles manières d’exploiter la réalité virtuelle. Présentée voici quelques années déjà, la technologie ajoute une couche supplémentaire à la ‘réalité’. C’est ainsi qu’un smartphone permet de rechercher véritablement des monstres virtuels dans la véritable Rue Neuve ou permet, comme le navigateur mobile Layar le fait depuis 2010, d’afficher des informations supplémentaires sur les ‘points d’intérêt’ lors d’un séjour. En utilisant la caméra et les services de localisation d’un mobile, vous pourrez voir tant la cathédrale que des infos qui lui sont consacrées. Alors que la réalité virtuelle vous transporte dans un monde totalement différent, la réalité augmentée rend le monde existant un peu plus étrange ou informatif.

Mobile

Aujourd’hui, les applications RA les plus connues se situent au niveau des smartphones. Snapchat est, avec sa fonction de caméra qui permet d’ajouter des oreilles de chien à un visage ou de changer de visage avec son chat, l’une des applis de RA les plus utilisées au monde. Dans le domaine éducatif, on retrouve outre Layar de nombreuses applis offrant des cartes d’astronomie. Ainsi, une appli comme Sky Map vous affiche les étoiles que vous voyez lorsque vous pointez dans leur direction. Le fait que ce soient surtout les smartphones qui exploitent cette technologie n’a rien de surprenant. En effet, la plupart des smartphones et des réseaux mobiles sont désormais suffisamment puissants pour supporter de telles applications. De même, le CEO d’Apple, Tim Cook, croit en la réalité augmentée, comme le montre une interview récente au quotidien britannique The Independent où il a annoncé que le nouvel iPhone qui sera lancé plus tard dans l’année disposera d’une fonction de RA.

Tout l’art consiste désormais à gagner de l’argent avec cette technologie. Or pour générer des bénéfices avec une appli, il faut disposer d’une base d’utilisateurs suffisamment large. Le modèle de Niantic suit en tout cas la voie tracée par d’autres jeux mobiles comme Angry Birds, associant l’achat de jeux et les recettes publicitaires. “Nous collaborons avec des opérateurs pour renforcer la demande pour leurs services”, a ainsi expliqué John Hanke, CEO de Niantic, lors d’une présentation au Mobile World Congress. L’entreprise a notamment signé des accords publicitaires pour des emplacements sponsorisés, les joueurs recevant des articles gratuits lorsqu’ils visitent ces lieux, ce qui a notamment permis d’attirer davantage de clients dans les cafés Starbucks. “Nous comptons désormais plus de 35.000 sites sponsorisés dans le monde, a ajouté Hanke. Et plus de 500 millions de visites par site sponsorisé.” Sans oublier des accords spécifiques autour d’abonnements de données mobiles, de batteries, etc.

Matériel

Un smartphone autorise des applications de réalité augmentée faciles d’accès, mais forcément assez simples. Pour des versions plus sophistiquées, il faut notamment utiliser la HoloLens de Microsoft. Il s’agit de lunettes à PC intégré qui devraient être commercialisées d’ici novembre prochain. La HoloLens permet non seulement d’ajouter des données à l’environnement, mais ajoute un point d’ancrage qui permet ensuite d’interagir. Ainsi, il devrait être possible de jouer Minecraft sur une table de cuisine et d’avoir une autre perspective du travail en tournant autour de la table. En théorie, cette technologie doit notamment faciliter le design d’intérieur et l’architecture.

Ajoutons qu’avec sa HoloLens, Microsoft ne cible pas par priorité le marché grand public, à l’inverse de ses concurrents en RV que sont la Samsung Gear et la Sony PlayStation VR. En effet, la HoloLens n’est pas vraiment positionnée comme un instrument de jeu, Microsoft misant sur le marché professionnel. L’appareil est d’ailleurs testé dans plusieurs environnements comme les formations médicales, un secteur où la réalité virtuelle est d’ailleurs utilisée depuis des années déjà. Permettre d’apprendre à opérer sur un patient virtuel représente un avantage majeur par rapport à des véritables patients.

Les leçons de Google

En faisant de ces appareils de RA un outil professionnel, il n’est en tout cas pas nécessaire de doter ces lunettes ‘intelligentes’ du design qu’un iPhone, mais plutôt d’en faire des objets pratiques comme des combinaisons ou des casques.

Cette approche B2B s’explique peut-être par le matériel. En effet, pour utiliser la HoloLens ou des applications de RA similaires comme la Meta ou l’Ora-S, il est nécessaire de porter des lunettes. Des lunettes futuristes pas très esthétiques. En l’occurrence, les fabricants ont retenu les leçons de la débâcle des Google Glass. Si les lunettes de RA du géant de Redmond étaient un bijou de technologie, elles n’étaient nullement cool et n’étaient guère appréciées en société. En faisant de ces appareils de RA un outil professionnel, il n’est en tout cas pas nécessaire de doter ces lunettes ‘intelligentes’ du design qu’un iPhone, mais plutôt d’en faire des objets pratiques comme des combinaisons ou des casques.

La M-100 de Vuzix constitue un bel exemple de lunettes de RA déjà disponible sur le marché. L’entreprise américaine produit des lunettes intelligentes à usage professionnel. Elle conçoit elle-même le matériel et collabore avec des partenaires comme DHL et SAP pour développer des applis spécifiques. C’est ainsi que le collaborateur de l’expéditeur de colis voit s’afficher sur ses lunettes une couche d’information avec des instructions GPS permettant d’atteindre plus rapidement un lieu de livraison. Ou qu’un réparateur peut projeter le plan d’une machine afin de trouver plus facilement la panne. Interrogé sur le point de savoir si ces produits ne ressemblent pas étrangement aux défuntes Google Glass, un collaborateur rétorque : “Nous sommes une réalité, eux pas !”

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