Comment Tobania a failli mourir de croissance

Lode Peeters. © Danny Gys / Reporters

Plus de 2 ans et demi après la fusion entre Tobius et Saga Consulting, le CEO de Tobania, Lode Peeters, se montre satisfait. Même si les choses auraient pu mal tourner. ” Eh oui, on peut mourir de croissance “, confie-t-il.

En décembre 2014, Tobius et Saga Consulting annonçaient leur fusion sous le nom Tobania, soit une entité au chiffre d’affaires de 57 millions ? pour plus de 500 collaborateurs. ” Le moment était bien choisi, sachant que tant Tobius que Saga Consulting étaient bien implantés dans le secteur bancaire et que nous avions désormais une taille suffisante pour nous imposer auprès d’autres acteurs. D’ailleurs, nous étions fournisseur privilégié dans presque toutes les banques “, rappelle Lode Peeters, CEO.

Entre-temps, Tobania est devenue un guichet unique pour les clients, tout en s’efforçant de se différencier des autres acteurs belges du style Delaware, Cronos, Cegeka ou RealDolmen. ” Notre approche stratégique est assez comparable, mais notre point de départ est bel et bien le staffing, insiste Peeters. Nous n’ambitionnons pas en tant qu’acteur IT de prendre la direction du projet de transformation d’une entreprise par exemple. Nous préférons être le copilote, pas le pilote. C’est le copilote qui définit la vitesse du véhicule et la manière de prendre les tournants. ”

Exit les problèmes de croissance

Plus de 2 ans et demi après la fusion, Lode Peeters continue à soutenir le projet de l’époque. ” Nous sommes ainsi devenus une grande entreprise, ce qui était nécessaire pour continuer à croître et à pouvoir être partie prenante dans de grands contrats. Si nous avons procédé de manière organique, il aurait fallu beaucoup plus de temps. C’était la seule manière d’y arriver, surtout pour proposer aux clients la qualité qu’ils exigeaient. On ne peut pas continuer à patauger. ”

Reste que ces 2 dernières années n’ont pas été un long fleuve tranquille. ” Sur le plan stratégique, tout était parfait, mais après coup, il faut reconnaître que l’exécution tactique aurait pu être meilleure “, concède Peeters qui cite l’exemple des processus administratifs. ” Nous avions à l’époque choisi sciemment de ne pas déployer un grand système ERP unique. Mais nous allons désormais le faire. Nous avons voulu nous appuyer trop longtemps sur des systèmes administratifs dépassés, une situation que nous allons sous-estimée. ”

Par ailleurs, la société a connu des soucis financiers. ” Nous aurions dû assurer un meilleur suivi financier. Une telle fusion engendre davantage de coûts que prévu initialement, coûts qu’il faut pouvoir supporter. Nous avons connu des temps difficiles au niveau financement, admet encore Peeters. Mais grâce notamment à notre nouveau CFO Styn Vanhove, nous avons déjà à nouveau un peu de marge de manoeuvre. Eh oui, la croissance peut vraiment amener à la disparition si l’on ne s’intéresse pas suffisamment aux chiffres. Je peux en témoigner aujourd’hui “, confie toujours le CEO.

Entre-temps, les problèmes de croissance liés à l’augmentation de la taille de l’organisation font partie du passé pour Tobania. ” Notre sens de l’entreprenariat nous a sauvés. Désormais, nous pouvons gérer l’évolution. J’avais une stratégie claire avant la fusion, mais il est apparu que le rapprochement des deux entreprises n’offrait au final que peu de valeur. Après avoir réajusté notre stratégie, nous enregistrons cependant la croissance que nous anticipions et pouvons la supporter au plan financier. Le fait que l’entreprise continue à être financée totalement par des capitaux privés nous permet de réagir très rapidement : nous ne ressentons pas la pression des résultats trimestriels et nous n’avons pas besoin d’attendre un trimestre ou un semestre pour ajuster le tir. ”

Doublement d’ici 2021

Depuis que l’entreprise a mis en place neuf entités spécialisées spécifiques, la croissance est à nouveau au rendez-vous. Ainsi, l’an dernier, Tobania a réalisé un chiffre d’affaires de l’ordre de 60 millions ? (y compris ses filiales) et table pour cette année sur 70 millions ?. Et à long terme, les ambitions sont encore plus grandes. ” D’ici 2021, nous voulons doubler notre taille, même s’il s’agit là d’un objectif ambitieux “, dixit toujours Peeters. Avec d’importants recrutements à la clé. En 2016, Tobania a engagé 150 nouveaux collaborateurs déjà et compte pour cette année sur 200 recrutements supplémentaires. Même si, ici aussi, les leçons du passé ont été tirées. ” Depuis la fusion, 2 de nos salariés sur 3 ont quitté l’entreprise. Nous devons donc bel et bien continuer à veiller à ce que chacun veuille et puisse rester. Entre-temps, nos effectifs ont certes fortement augmenté. Nous avons dès lors entamé un programme employee centricity pour offrir à nos collaborateurs suffisamment de formations et un bon équilibre travail flexible/vie privée. Ces éléments font également partie de la croissance “, conclut Lode Peeters.

50 % dans le bancaire

Près de la moitié du chiffre d’affaires de Tobania est réalisée dans le monde bancaire. Selon Lode Peeters, le secteur bancaire se révèle désormais à nouveau plus porteur que voici quelques années. En effet, toutes les banques envisagent ou lancent au moins un projet de transformation numérique. Elles sont conscientes de la nécessité de franchir le pas et sont d’ailleurs selon Peeters en train de devenir un exemple en Europe. Dans le même temps, celui-ci constate un mouvement de repli par rapport à l’externalisation. ” A mes yeux, l’externalisation appartient définitivement au passé dans le bancaire. Peut-être encore pour les tâches à faible valeur, mais les banques préfèrent garder leurs projets complexes en local “, affirme Peeters.

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