L’utilisation intensive du smartphone provoque l’échec scolaire

© KU Leuven
Pieter Van Nuffel Journalist DataNews

Les étudiants qui passent beaucoup de temps sur leur smartphone, obtiennent des résultats inférieurs aux examens. Des chercheurs de l’UGent et de l’UAntwerpen ont démontré pour la première fois un lien de cause à effet.

L’étude a analysé les résultats d’examens de la première session de janvier 2017. Les 696 étudiants, principalement de première année universitaire, étaient inscrits aux facultés Economie et Management (UGent), Sciences économiques appliquées ou encore Sciences sociales (ces deux dernières à l’UAntwerpen). Les étudiants ont répondu à un questionnaire visant à connaître la fréquence d’utilisation de leur smartphone pour neuf activités différentes, comme la lecture de courriels, la recherche d’informations et la prise de photos.

Les étudiants caractérisés par une utilisation supérieure à la normale du smartphone obtenaient en moyenne 1,1 point de moins sur 20 à leurs examens que ceux utilisant leur smartphone moins que la normale. Les résultats d’examens inférieurs résultant d’une utilisation plus intense du smartphone ont été aussi à la base de davantage d’échecs. Les étudiants interrogés utilisant plus intensément leur smartphone réussissaient 60,6 pour cent de leurs examens, contre 68,9 pour cent pour ceux utilisant leur téléphone moins que la normale.

Ces résultats négatifs sont du reste confirmés, lorsqu’on examine l’utilisation du smartphone aux cours et durant les périodes de blocus. En moyenne, les étudiants interrogés consultaient leur smartphone trois à cinq fois au cours d’un même cours et un peu plus de deux fois par heure en période de blocus. Ici encore, ceux qui le faisaient les plus souvent, obtenaient les moins bons résultats aux examens, selon les chercheurs.

Lien de cause à effet

La corrélation négative entre l’utilisation du smartphone et les résultats aux examens avait déjà fait l’objet de recherches. Jusqu’à présent, on n’avait cependant pu en déduire que peu d’éléments. Il se peut en effet aussi que les étudiants moins motivés par les cours, utilisent pour cette raison plus souvent leur smarthone.

Les chercheurs en ont cette fois tenu compte en intégrant à leur analyse de régression le plus de facteurs possibles capables d’influencer tant l’utilisation du smartphone que les chances de réussite. Le lien négatif entre l’utilisation du smartphone et les résultats scolaires est resté inchangé. “Nos résultats démontrent que les piètres résultats aux examens non seulement dépendent de l’utilisation intensive du smartphone, mais en sont aussi la conséquence”, concluent-ils.

Les étudiants doivent-ils à présent éteindre leur smartphone?

Sept étudiants sur dix déclarent avoir vraiment besoin d’un contact avec leurs condisciples durant les périodes de blocus, comme l’a révélé la semaine dernière encore une enquête de Teleblok. Cette dernière a qualifié ce besoin de ‘bonne chose’, parce que le contact via les médias sociaux ‘est crucial pour garder le moral’. De plus, le smartphone facilite la collecte d’informations liées aux études, ainsi que la collaboration dans le cadre de travaux de groupe.

Il n’empêche que les chercheurs indiquent que les étudiants considèrent leur smartphone plutôt comme une source de détente que comme un instrument de travail. “Le désir de ne rien manquer de ce qui se passe en ligne grâce au smartphone, ainsi que celui d’être et de rester en interaction avec tout le monde (‘fear of missing out’) peuvent engendrer un manque de concentration sur les études. Le passage continu entre les activités scolaires et les activités sur le smartphone entraîne un surmenage cognitif et de l’inefficience”, déclare le chercheur doctorant Simon Amez(UAntwerpen). Le professeur Stijn Baert (UGent) ajoute encore qu’une utilisation intensive du smartphone va aussi de pair avec une piètre qualité de sommeil. Cet élément avait du reste plus tôt déjà été considéré comme un frein à de bonnes performances scolaires. Selon les chercheurs, les décideurs politiques et autres devraient à tout le moins mettre en oeuvre des campagnes en vue de conscientiser les étudiants à cette problématique.

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