Le bitcoin survit à la création d’une nouvelle monnaie

Présentation du BitCoin © Getty Images
Pieter Van Nuffel Journalist DataNews

Une tentative visant à détourner le bitcoin en introduisant le “bitcoin cash”, une monnaie numérique parallèle, a échoué. Le bitcoin évite ainsi la chute libre et conserve sa valeur.

Mardi, pour la première fois depuis la création de la monnaie numérique bitcoin il y a neuf ans, un “hard fork” a eu lieu. Cette opération a engendré la division du bitcoin en deux nouvelles monnaies. La nouvelle, “bitcoin cash”, permet des transactions plus rapides. Au départ, elle semblait constituer une menace pour le bitcoin, mais malgré cette séparation, ce dernier a tenu bon.

Le bitcoin était trop lent

De plus en plus d’investisseurs considèrent le bitcoin comme un investissement intéressant, à tel point que depuis le début de cette année, la valeur de la monnaie a triplé. Cependant, la popularité du bitcoin rend également son utilisation comme moyen de paiement plus complexe. En effet, les transactions deviennent de plus en plus lentes.

Le bitcoin repose sur la chaîne de blocs, un journal numérique où toutes les transactions sont conservées à jamais. Une fois que plusieurs transactions ont été effectuées, elles sont regroupées dans un “bloc” et cryptées au moyen d’un “hash”. Chaque bloc pèse un mégaoctet et peut traiter six à sept transactions par seconde. Ce n’est rien en comparaison à VISA, dont le réseau traite plus de 2 000 transactions par seconde.

Bon nombre de transactions sont donc mises en attente pendant des heures. C’est pourquoi bitcoin ne convient pas comme moyen de paiement efficace. En outre, les mineurs de bitcoin (qui approuvent les transactions) donnent la priorité aux plus offrants. Les transactions de bitcoins étaient donc de plus en plus lentes et de plus en plus coûteuses. Tous les membres de la communauté bitcoin s’accordaient à dire qu’il fallait trouver une solution. Mais comment régler ce “problème d’évolutivité” au juste ? Malheureusement, les points de vue divergent.

Deux camps

Certains veulent tout simplement accroître la capacité de transaction de chaque bloc. D’autres renâclent à l’idée de mettre en place de si grands blocs, étant donné que le traitement des transactions ne passerait alors plus que par les grandes bases de données (chinoises) dotées de la puissance informatique suffisante pour miner des bitcoins. Ce deuxième camp plaidait plutôt en faveur d’une “mise à jour Segregated Witness”. Celle-ci sépare la signature (le “témoin”) du reste des données de transaction. Cette mise à jour libère de la place pour effectuer davantage de transactions dans un bloc, sans devoir en augmenter la taille. Litecoin, une autre cryptomonnaie, avait introduit cette mise à jour SegWit plus tôt dans l’année.

Compromis “à la belge”

Les deux camps étaient diamétralement opposés. Vu que la chaîne de blocs n’est pas gérée par une autorité centrale qui prend les décisions, il convient toujours de parvenir à un consensus. Sinon, il existe un risque de séparation.

Ce fut déjà pratiquement le cas il y a deux semaines, jusqu’à ce qu’un accord inattendu soit quand même trouvé in extremis. Plus de 95 pour cent des membres de la communauté bitcoin ont voté en faveur de la mise à jour SegWit2x. Celle-ci ménage les deux parties : le SegWit est introduit et la taille des blocs va doubler pour atteindre les deux mégaoctets.

Séparation

Toutefois, pour un groupe de développeurs, ce compromis avait un goût de trop peu. Ceux-ci ont l’intime conviction que le bitcoin doit être utilisé comme moyen de paiement comme le(s) concepteur(s) Satoshi Nakamoto l’indiquai(en)t dans le document fondateur. C’est pourquoi ils veulent immédiatement porter la limite de transaction de chaque bloc à huit mégaoctets. Ce nouveau “bitcoin cash” permet des transactions beaucoup plus rapides que le bitcoin (même après la mise à jour SegWit2x).

Mardi après-midi, sur le coup de 14 h 20, ils ont mis leur menace à exécution. Ils ont généré un “hard fork”, une espèce de clone de la chaîne de blocs. Deux chaînes existent donc désormais avec un même passé logiciel, mais vont dorénavant suivre des chemins séparés. Ceux qui disposaient de 100 bitcoins dans leur portefeuille numérique se retrouvent donc aujourd’hui avec 100 bitcoins et 100 pièces de “bitcoin cash”.

En principe, tout le monde peut créer un tel clone, car le code derrière le bitcoin est en source ouverte. La réussite de cette nouvelle monnaie dépend cependant de la confiance placée en la technologie qui la sous-tend. Pensez au papier-monnaie qui n’a également que la valeur que ses utilisateurs veulent bien lui conférer. Si quelqu’un venait soudain à émettre une nouvelle devise, personne ne le prendrait au sérieux. En revanche, l’introduction de ce bitcoin cash a suscité l’inquiétude des investisseurs détenant de nombreux bitcoins.

Quel avenir ?

Il apparaît désormais que le bitcoin a pratiquement conservé sa valeur, tandis que celle du bitcoin cash ne s’élève qu’à un dixième de la valeur du bitcoin. La valeur de la nouvelle monnaie est pour le moment en proie à de fortes fluctuations aux alentours des 200 dollars. Reste à voir si elle sera viable. Mais elle ne semble pas encore être en mesure de rivaliser avec le bitcoin. Les investisseurs en bitcoins peuvent donc souffler.

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