Amnesty: ‘Toutes les 30 secondes, une femme se fait insulter sur Twitter’

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Els Bellens

Twitter n’est encore et toujours pas le réseau idéal pour les femmes et les personnes de couleur. L’entreprise est depuis quelque temps déjà ciblée pour la quantité d’insultes et de messages de haine qui sont postés sur sa plate-forme. Et voici qu’à présent, Amnesty International cite des chiffres pour étayer ce constat.

Twitter promet depuis un certain temps qu’elle va éliminer les éléments malsains de sa plate-forme sociale, mais on n’en voit guère les résultats, comme il ressort d’un nouveau rapport dressé par Amnesty International. Il s’agit là d’une suite du premier rapport ‘Toxic Twitter’ sorti en mars. Amnesty y signalait que Twitter hébergeait un nombre incroyablement élevé de cas d’abus en ligne de femmes, et que cela avait un effet sur leur participation au réseau.

Pour son second rapport, l’organisation, conjointement avec un groupe de bénévoles (dénommé subtilement ‘Troll Patrol’), a examiné 288.000 tweets envoyés à 778 journalistes et politiciennes en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. La petite entreprise d’apprentissage machine Element AI a ensuite extrapolé ces résultats, pour donner une image des expériences générales constatées sur Twitter. La conclusion ne surprendra personne: Twitter n’est encore et toujours pas le réseau idéal pour les femmes. D’autant moins, si ces femmes ont une couleur de peau autre que blanche.

Le rapport qualifie 7,1 pour cent des tweets envoyés aux femmes de ‘problématiques’ ou ‘abusifs’. Par ‘abusifs’, il entend des tweets qui contreviennent aux règles mêmes de Twitter sur le plan des menaces ou de la promotion de la violence. Quant aux tweets ‘problématiques’, ils intègrent un contenu inamical ou insultant, qui enfreint également lesdites règles. En moyenne, un tweet grossier est envoyé toutes les trente secondes à une femme.

Pour les femmes de couleur, la situation est encore pire. Elles ont 34 pour cent de risque en plus de recevoir une cochonnerie indésirable via la plate-forme. Les femmes noires ont même 84 pour cent de risque en plus de se voir expédier des tweets insultants. Le rapport signale que l’arrière-plan politique ne fait aucune différence: les femmes tant de gauche que de droite sont offensées aussi souvent. Les politiciennes examinées couvraient l’ensemble de la palette politique, et les journalistes travaillaient pour diverses publications, dont The Daily Mail, The New York Times, Guardian, The Sun, gal-dem, Pink News et Breitbart.

“L’échec de Twitter quant à contrer de manière effective la violence et les abus sur sa plate-forme exerce un effet inhibiteur sur la liberté d’expression en ligne et sape la mobilisation des femmes pour l’égalité et l’équité, sur tout chez les femmes qui font déjà l’objet de discrimination”, affirme Amnesty International dans un communiqué.

Twitter prétend de son côté depuis un certain temps déjà faire de son mieux pour s’améliorer. Début décembre, l’entreprise a ainsi publié son Transparency Report, d’où il apparaît qu’entre janvier et juin 2018, six millions de comptes ont enfreint ses règles. Selon Amnesty, il n’y a pas suffisamment de transparence en la matière. Ce rapport, selon organisation, n’énumère pas les données requises pour obtenir une vue d’ensemble correcte de l’importance des abus en ligne, de sorte que l’impact des contre-mesures ne peut être contrôlé.

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