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IBM prévoit des développements technologiques révolutionnaires dans les cinq prochaines années

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Sebastien Marien Stagiair Data News 

L’intelligence artificielle (AI), la chaîne de blocs (blockchain), le cryptage, les ordinateurs quantiques et les microscopes robotisés font partie des prévisions technologiques d’IBM pour les cinq années à venir. Mais au fait, les prévisions que la firme avait faites en 2012 se sont-elles vérifiées?

Selon son habitude, IBM publie une série de prévisions à propos de nouvelles technologies qui devraient sortir d’ici 2023. A propos, celles que le géant technologiques avait faites il y a cinq ans, se sont-elles avérées exactes?

Crypto-ancrages

A tout seigneur tout honneur, place d’abord à la chaîne de blocs. IBM évoque la grande quantité de produits de contrefaçon existants au niveau mondial. Dans le domaine des médicaments par exemple, les produits contrefaits peuvent vraiment s’avérer nuisibles pour la santé. Or dans certains pays, jusqu’à 70 pour cent des médicaments sont contrefaits. IBM table à l’avenir sur une solution pour détecter la contrefaçon.

La chaîne de blocs est à même de traiter les transactions de manière fiable, efficiente et transparente. Dans le futur, nous pourrons utiliser cette technologie en combinaison avec une sorte d’empreinte digitale virtuelle. On appelle cela le ‘crypto-ancrage’ qui pourra être mis en oeuvre de différentes manières dans les produits.

En guise d’exemple, l’entreprise technologique cite des capteurs et de l’encre comestible sur des produits. Elle évoque aussi un récent développement, à savoir un PC opérationnel de la taille d’un grain de sel. En fonction du produit, les entreprises utiliseront à l’avenir un ancrage adapté qui pourra démontrer sa légitimité.

Cryptographie à grilles

En 2016, quatre milliards de fichiers de données ont été dérobés par des hackers dans le monde. En moyenne, un vol de ce genre a coûté quelque 128 euros à la victime. Le géant technologique américain s’attend à l’avenir à ce que les méthodes de piratage se perfectionnent de plus en plus. A présent, le cryptage nous protège contre la plupart des attaques, mais en raison du nombre croissant d’innovations dans les ordinateurs quantiques, IBM estime que les méthodes de cryptage actuelles ne suffiront pas.

Mais qu’en serait-il si nous déposions littéralement la clé dans un labyrinthe? Avec une cryptographie basée sur ce qu’on appelle en mathématiques des ‘grilles’, on pourrait rendre les données ‘invulnérables’. IBM s’attend à ce qu’une cryptographie à grilles soit la solution.

Aujourd’hui, les fichiers ne sont cryptés que s’ils ne sont pas utilisés. Dès qu’un fichier est activé, le système d’exploitation le décrypte chaque fois rapidement. C’est alors qu’il est vulnérable. Avec les méthodes du futur, IBM espère qu’un PC pourra effectuer des calculs avec des fichiers encore cryptés.

Former l’AI

L’intelligence artificielle (AI) est omniprésente. Or on n’en est encore qu’aux prémisses de son potentiel. IBM met en garde contre les dangers possibles des préjugés qui peuvent se glisser dans les algorithmes intelligents. Les logiciels intelligents sont encore et toujours développés par des programmeurs humains. Si des entreprises et des autorités deviennent toujours davantage dépendantes de l’AI, il est important qu’elles soient conscientes du degré de partialité de ces programmes.

IBM prévoit des développements technologiques révolutionnaires dans les cinq prochaines années
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IBM souhaite à l’avenir former l’AI, afin que ces logiciels respectent pleinement les valeurs humaines. Même si les réseaux neuraux sont influencés par des facteurs externes, cette ‘formation’ devrait veiller à ce que les projets ne déraillent pas complètement, comme ce fut par exemple le cas d’une expérience de Microsoft. IBM s’attend à l’arrivée d’un système de classement qui spécifiera le degré d’influence.

L’éthique et les dangers sous-jacents à l’AI ont été des thèmes fortement débattus ces dernières années. Au MWC, la professeure Paula Boddington a encore prévenu qu’il est malaisé de désigner un responsable en cas d’échec des algorithmes AI entraînant des dommages. En outre, 26 chercheurs ont récemment aussi élaboré un rapport, dans lequel ils évoquent les risques d’une intelligence artificielle qui déraille. L’une des mesures qu’ils proposaient, c’était de créer un nouvel organe qui impose des limites à

l’accès à l’AI.

‘La technologie quantique gagne du terrain’

Les ordinateurs quantiques ont été pendant des années considérés comme de la science-fiction par beaucoup d’esprits critiques, mais IBM signale que les premiers ordinateurs quantiques à succès sont déjà testés aujourd’hui. Ce n’est donc plus qu’une question de temps, avant que ces ordinateurs extraordinairement puissants soient utilisés partout.

IBM prévoit que la technologie quantique quittera pour de bon les laboratoires dans les années à venir. On la retrouvera dans un premier temps dans les universités et les écoles supérieures, mais diverses industries pourront également tirer profit de cette puissance IT accrue. Selon IBM, les ordinateurs quantiques résoudront des problèmes considérés précédemment comme insolubles et ce, dans plusieurs secteurs.

Microscopes robotisés intelligents

Une dernière prévision d’IBM porte sur la qualité de l’eau. A cause de la pollution croissante et des changements climatiques, l’eau potable deviendra toujours plus chère, et les scientifiques seront dès lors contraints de s’occuper toujours plus attentivement de ce phénomène. Selon IBM, la solution consistera ici à étudier la population de plancton. Ces microorganismes constituent quasiment la partie essentielle de la chaîne alimentaire sous-marine.

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Provisoirement, on ne sait pas encore grand-chose sur le plancton, mais en étudiant sa population, l’homme pourra tirer des conclusions fiables à propos de la qualité de l’eau. Aujourd’hui déjà, on étudie le plancton en laboratoire, mais cela se fait de manière lente et très onéreuse, selon IBM. Le plancton, ce sont des organismes microscopiques. Pour pouvoir les étudier, on utilisera d’ici cinq ans des microscopes sous-marins faisant appel à des algorithmes AI.

Google Lens

Mais on ne peut aborder les prévisions d’IBM sans apporter quelques nuances. Fin 2012, la firme faisait aussi des prévisions à l’horizon 2018. La question: quel fut leur degré de précision? Passons-les en revue ci-après.

En 2012, les prévisions portaient sur un thème spécifique, à savoir si les sens humains allaient être égalés, voire dépassés par les ordinateurs. Abordons d’abord la vue. “Aujourd’hui, les ordinateurs ne peuvent comprendre les images qu’au moyen de textes ou de titres servant de balises. L’information la plus importante, à savoir l’interprétation de l’image même, est un mystère”, écrivait IBM, il y a cinq ans.

Vint ensuite la prévision selon laquelle les algorithmes seraient en 2018 capables d’identifier et de catégoriser eux-mêmes les images. En réalité, IBM décrivait alors quasi entièrement des applications actuelles telles Google Lens, vous permettant sur base de l’appareil photo de votre smartphone d’identifier un objet ou un texte. De plus, il y a encore des applications expérimentales telles le ‘drawing bot‘ de Microsoft avec lequel des algorithmes peuvent sur commande créer une image unique de toutes pièces.

Le smartphone peut-il générer des sensations?

Nous en conclurons qu’IBM a certes vu plus ou moins juste pour ce qui est de la reconnaissance des images, bien que certaines applications que l’entreprise avait décrites, semblent aujourd’hui quand même très éloignées de l’idée originale. Le ressenti est ainsi un parfait exemple d’une application qu’il est malaisé de reproduire.

Selon IBM, il aurait dû être possible aujourd’hui en faisant glisser le doigt sur l’écran d’un smartphone d’obtenir une sensation réaliste d’une substance déterminée. Des vibrations générées selon une fréquence adéquate via l’écran auraient dû permettre une expérience réaliste du genre.

La reconnaissance vocale pas encore mature

Les prévisions d’IBM ne se sont pas toutes vérifiées, loin de là. Selon l’entreprise, l’ouïe humaine allait être complètement dépassée par des ordinateurs intelligents. Il serait possible de déchiffrer le langage des nouveau-nés, et l’analyse des sons pourrait aussi déterminer l’état d’une conversation. Les services clientèle utiliseraient aujourd’hui les données en temps réel pour améliorer l’interaction avec les clients, alors que l’interaction entre les gens de diverses cultures se ferait de manière nettement plus fluide.

Sur le plan des logiciels de traduction, Amazon préparerait des applications capables de vaincre les barrières culturelles, mais ces développements tardent à se concrétiser. De plus, les limites de produits actuels tels les Pixel Buds de Google indiquent que la reconnaissance vocale n’en est pas encore arrivée au stade de la reconnaissance de l’image.

Des attentes démesurées trop rapides

Et voilà qui nous amène à l’odorat et au goût. Les ordinateurs allaient pouvoir déterminer les compositions chimiques complexes des odeurs et des saveurs. On pourrait ainsi goûter des aliments, avant même de préparer une recette ou d’acheter un produit. En outre, l’analyse des odeurs pourrait par exemple aider à détecter une fuite de gaz. De plus, la découverte d’odeurs concrètes pourrait aussi permettre de déceler des effets médicaux secondaires, ce qui éviterait préventivement des risques pour la santé.

IBM prévoit des développements technologiques révolutionnaires dans les cinq prochaines années
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Ici encore, on ne peut que conclure qu’IBM avait en 2013 prévu trop de choses de manière trop précoce. Il y a des dizaines d’années, pas mal de visionnaires s’attendaient à ce que nous disposions tous en 2018 d’une voiture volante dans notre garage. Certes cette technologie innovante fait l’objet de pas mal de développements, mais le fait est qu’on est encore loin de sa percée.

Voitures volantes

Pour poursuivre sur les voitures volantes, il nous faut constater que la législation et l’évolution politique en général représentent souvent des défis plus importants à relever que la mise au point de la technologie proprement dite. Il arrive régulièrement que la recherche se heurte déjà à des obstacles. Il en est de même pour des produits en phase de test. Dans le cas qui nous occupe, on observe qu’une autorisation s’avère nécessaire avant même que le prototype d’une voiture volante puisse déployer pour la première fois ses ailes.

En conclusion, nous sommes curieux de voir si les nouvelles prévisions d’IBM se vérifieront d’ici 2023.

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