Non pas 2, mais 3 projets ICT lauréats

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Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Dans la catégorie des grands projets, l’Antwerp City Platform-as-a-Service (ACPaaS) de Digipolis remporte l’award de l’ICT Project of the Year, tandis que dans les plus petits projets, AVR et le VDAB se partagent la première place.

Une plate-forme qui combine tout

” Ce projet est un cas d’école pour d’autres villes et communes qui ont l’ambition de se positionner comme une ‘smart city’ “, a estimé un jury élogieux. Mais que recouvre précisément cet Antwerp City Platform as a Service, ou ACPaaS ? Il s’agit d’une plate-forme qui permet de mettre en place la technologie d’une ville intelligente de manière évolutive et – ce qui est non négligeable – à un coût abordable.

La ville d’Anvers preste des services pour plus d’un demi-million de citoyens qui attendent et exigent toujours plus de services numériques. Chaque citoyen possède en poche une interface utilisateur vers la ville, tandis que la ‘city of things’ supporte également des objets et lieux connectés et intelligents. La demande de nouveaux services numériques innovants et les perspectives à cet égard sont pratiquement infinies. Mais difficile d’y répondre avec une technologie traditionnelle de développement de logiciels et compte tenu de procédures d’achat connues. ” Personne ne veut plus attendre un an après une solution logicielle qui sera dépassée au moment de son déploiement “, explique Peter Crombecq, CEO de Digipolis et CIO de la Ville d’Anvers, aux membres du jury.

Par ailleurs, des solutions ‘ponctuelles’ autonomes limitent la portée des projets, tandis que confier totalement le développement à des partenaires externes se révèle trop coûteux et de longue durée : voilà les autres arguments qui ont débouché sur l’ACPaaS, une infrastructure IT urbaine à grande échelle.

Personne ne veut plus attendre un an après une solution logicielle qui sera dépassée au moment de son déploiement

C’est en 2015 que Digipolis a entamé le développement de l’ACPaaS. La plate-forme propose désormais différents moteurs prêts à l’emploi avec des services ‘back-end’. Cette fonctionnalité est accessible via des API par toutes sortes de plates-formes et solutions IT utilisées par la ville, qu’il s’agisse notamment des Anversois, du CPAS, de la police locale, des visiteurs, des entreprises ou encore des étudiants et des travailleurs. Tous les composants sont basés sur des API REST/JSON ouvertes précisément documentés. En d’autres termes, tout peut être combiné. Ceci permet en outre des cycles de développement plus courts puisque les nouveaux systèmes peuvent profiter en grande partie de composants déjà développés. C’est ainsi que la banque d’images des musées d’Anvers utilise le même moteur que la solution destinée au contrôle des caméras intelligentes installées aux entrées de la zone de basse émission.

Pour l’heure, la plate-forme compte quelque 60 composants qui livrent des services comme de la gestion d’API, du ‘logging’ d’applications, de la gestion de contenu Web, de la gestion de signature électronique, etc. Ces composants sont utilisés par plus de 100 applications et systèmes, avec un potentiel de plus de 300 applications supplémentaires. Et tout n’est pas ultra-sophistiqué d’ailleurs, comme le montre un moteur qui génère des PDF. ” Mais autrefois, on comptait 30 solutions de ce type, lesquelles sont désormais remplacées par un seul moteur “, précise Peter Crombecq au jury.

Avec cet ACPaaS, Anvers dispose désormais d’une plate-forme logicielle locale répondant à la demande de la ville de disposer de solutions 10 fois plus vite, 10 fois moins chères et 10 fois plus innovantes. Mais ce qui vaut pour Anvers est en principe également valable pour d’autres villes. Pour le jury, ce projet prouve que le secteur public peut se montrer innovant et qu’il peut servir d’exemple pour d’autres villes et communes.

Plantation et récolte intelligentes de pommes de terre

” Vos pommes de terre ? Notre passion ! ” C’est sous ce slogan que l’entreprise roularienne AVR conçoit et commercialise des machines agricoles spécialisées. La conception se fait grâce à des systèmes 3D ultra-perfectionnés, tandis que l’ensemble de la production des machines se fait en interne. La mission ? Veiller à ce que les clients qui ont un ‘input’ moindre reçoivent quand même un produit intéressant. Et c’est dans ce prolongement que s’inscrit AVR Connect, un projet orienté client qui vise à collecter des données et à les associer aux machines de récolte de pommes de terre. Selon le jury, AVR Connect est un projet IoT innovant qui s’inscrit parfaitement dans l’évolution vers le ‘smart farming’ que connaît le secteur agricole – en Belgique également.

Le besoin d’informations plus nombreuses sur les pommes de terre est largement commandé par le consommateur. Celui-ci est en effet toujours mieux informé sur le type de pommes de terre qu’il achète et souhaite plus de transparence et d’informations sur la provenance de ses aliments. Pour offrir ce type d’informations, AVR Connect fonctionne avec des capteurs qui sont installés sur les machines servant à la plantation et à la récolte des pommes de terre. Ces capteurs collectent dans les champs des données sur le type de sol et la taille des pommes de terre notamment. Les données sont envoyées ensuite à la plate-forme Microsoft Azure d’AVR. Les agriculteurs qui ont donné leur autorisation peuvent ainsi partager leurs propres données avec d’autres sur la plate-forme, pour ainsi profiter de données de qualité et d’avoir des points de comparaison. Ces données en temps réel et ces analyses pointues permettent au final de meilleures récoltes et des processus améliorés. Pour les clients d’AVR, ce projet Connect permet de générer de nouvelles recettes, tout en montrant que l’entreprise s’inscrit dans l’évolution vers le ‘smart farming’. AVR a été accompagnée dans ce projet par Delaware.

Au total, il s’agit d’un investissement de 350.000 a en matériels, développement de logiciels et main-d’oeuvre. Un investissement relativement limité, même s’il est déjà relativement conséquent pour une entreprise comme AVR. Pour le jury, il s’agit là d’un bel exemple de l’impact que peut avoir le numérique sur n’importe quel secteur.

L’AI au service de l’emploi (de qualité)

AVR termine donc ex-aequo avec le Vlaamse Dienst voor Arbeidsbemiddeling en Beroepsopleiding. Le VDAB est le service public flamand qui coordonne l’offre et la demande d’emploi. Le projet Jobnet récompensé représente un investissement de 550.000 € et figure donc parmi les petits projets, même si son impact potentiel est très important. Jobnet – tel est le nom du projet en interne – succède à Elise qui gérait par le passé le ‘matching’ entre les candidatures et les CV. Jobnet est le fruit d’un test lancé l’an dernier pour voir comment l’intelligence artificielle, et surtout l’apprentissage profond, pouvait assurer ce ‘matching’. Pour ce faire, la start-up AI Radix a été sollicitée. Pour former le modèle, une autre infrastructure se révélait nécessaire. Bonjour Amazon Web Services (AWS). Difficulté supplémentaire : toutes les données devaient rester anonymes. Du coup, 80 % du temps et des moyens ont été affectés à la phase de préparation des données au niveau dorsal. Y compris l’intégration de Word2vec, un modèle de conversion de mots en vecteurs. C’était nécessaire par exemple pour pouvoir associer une offre d’emploi en français à un CV en néerlandais sans devoir passer par une traduction. Cette technologie a été supportée par le logiciel open source TensorFlow. Il s’agit d’ailleurs de la même technologie que celle utilisée par exemple pour comparer le métier de chauffeur de camion aux offres d’emploi nécessitant un permis de conduire de type C ou pour s’assurer que ‘nounou’ est pratiquement synonyme de ‘gardienne d’enfants’. Le système est régulièrement adapté, ce qui permet au VDAB de détecter plus rapidement des évolutions ou des tendances sur le marché du travail. Par ailleurs, le logiciel est alimenté en permanence avec des jeux de données complémentaires pour continuer à affiner les résultats. Outre TensorFlow sur AWS et Radix.ai, la solution fait aussi appel à Oracle Big Data Appliance et Datawarehouse, Kafka et des développements en Java. Les premiers résultats montrent clairement des améliorations par rapport au système existant Elise à base de règles. D’où un niveau de service supérieur pour le VDAB. Le projet bénéficie du soutien total de la direction, à commencer par le CEO, Fons Leroy lui-même.

Accessits grands projets

AppYourService (KBC) : appli mobile pour collaborateurs leur permettant d’accéder à l’ensemble de leurs services et outils nécessaires dans le cadre de leur travail au quotidien.

MyVanbreda (Vanbreda) : plate-forme numérique de bout en bout permettant aux courtier B2B Vanbreda d’évoluer vers une approche B2B2C.

Break@Work(RVA) : Aperçu personnalisé de ce qu’un travailleur a déjà pris comme interruption de carrière, crédit-temps et congé thématique, et surtout de ce dont il a encore droit.

Accessits petits projets

RSC Anderlecht: un projet sur l’expérience du supporter d’un club de football qui exploite pleinement le numérique jusqu’au niveau du mobile.

PréviWeb (Bizzdev): logiciel sur mesure permettant aux services d’incendie locaux de la ‘Zone de Secours de Wallonie Picarde’ de mieux évaluer l’ensemble des risques liés à une intervention au départ d’une tablette.

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